Examinant la diversité des peuples et des cultures des bords de la Méditerranée, ce numéro s'intéresse à l'histoire de cette région et aux enjeux actuels des usagers linguistiques et de l'immigration clandestine des jeunes. Des articles sur la transmission du berbère et de l'arabe en France, la situation du français en Algérie, les manuels scolaires au temps de la colonisation...
Le rôle de l'école, des institutions et des associations dans la connaissance et la reconnaissance des langues, la transmission familiale, le rôle identitaire de la langue, le droit à la langue du pays d'accueil, mais aussi la langue facteur d'exclusion ou d'intégration, sont les thèmes abordés dans cet ouvrage qui s'est aussi attaché à réinterroger quelques idées reçues.
En Hollande, l'immigré est le plus souvent baptisé "allochtone", terme qui désigne les "minorités ethniques" et les "violences racistes". L'auteur réalise une recherche sémantique à partir de deux revues hollandaises spécialisées, l'une en criminologie, l'autre émanant du ministère de la justice.
Etude du blocage langagier, oral et écrit, à partir de l'expérience d'une clinique orthophonique pour patients migrants ou multiculturels en Suisse.
L'intégration dans la société d'accueil, peut se révéler point de départ de nouvelles quêtes et constructions identitaires réactualisant des temps et des lieux investis d'élaboration imaginaires. L'article propose une analyse et une interprétation de ce processus de réactualisation, de certaines de ses formes et expressions en France, Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
Après plus d'un siècle de centralisme, l'enseignement du catalan, du corse, du breton, de l'alsacien ou de l'occitan semble une question que les États pourraient régler dans le cadre de propositions comme celles du Conseil de l'Europe. L'auteur montre qu'il n'en est rien. A l'échelle du continent européen, ces langues sont beaucoup plus variées qu'on ne le pense usuellement. Elles expriment des cultures particulières bien plus qu'elles ne constituent une partie d'un patrimoine national ou européen à la libre disposition de tous. Pour en convaincre le lecteur, Bernard Poche se livre à une analyse socio-historique de la constitution et de la pratique des diverses formes et des divers niveaux de langage. Il met l'accent sur le rapport entre ce que l'on appelle langues minoritaires et les cultures populaires, ancrées au plus profond de l'histoire des groupes sociaux rassemblés pour constituer les États modernes.
Après avoir rappelé les rapports qui existent entre l'oralité et la théorie de l'étayage, l'auteur recense un certain nombre de questions liées au fonctionnement de la bouche (la bouche du foetus, la bouche du bébé, la bouche de l'enfant autiste, la bouche et les processus d'attachement, la bouche du langage) avant de montrer comment celle-ci s'inscrit dans le champ des interactions précoces pour s'y faire le lieu del'édification interrelationnelle de la pulsionnalité orale.
Etude de la représentation de l'identité juive du Xe au XXe siècles fondée sur les entrées des dictionnaires et encyclopédies, vecteurs du pouvoir politique du langage et modeleurs des mentalités. Après avoir examiné l'étymologie du mot juif et son importance pour la sémantique de l'identité puis la reconstruction philologique et littéraire de l'identité juive, l'auteur étudie comment "dire le juif" à l'âge classique, au temps des lumières, aux XIXe et XXe siècles. Une réflexion sur la notion de discours antijuif clôt cette approche du thème identitaire juif et de la terminologie de la "question juive" apparue vers 184O.
Si l'on considère que la parole reste la dernière richesse des démunis, la tchatche de banlieue demeure alors la seule fortune des enfants des cités dortoirs. En s'intéressant de près à ce bouillon culturel, une idée reçue implose comme une tour dynamitée : les mots inventés de l'autre côté du périph ne sont ni le fruit du hasard, ni le résultat d'un quelconque abâtardissement de notre langue. Ils sortent d'un volcan bouillonnant dont la lave est faite de formidables pépites linguistiques. Une alchimie de mots concoctée par des sorciers de la langue et des acrobates de la rhétorique.
Issu d'une longue pratique de thérapie du langage et de la communication avec des enfants de familles migrantes ou multiculturelles, cet ouvrage propose une approche thérapeutique spécifique-systémique et ethnopsychiatrique. Le blocage langagier, oral ou écrit, est souvent un signal de détresse spécifique manifesté par l'enfant : il faut alors recadrer le symptôme dans un contexte autre que scolaire. La démarche thérapeutique consiste à permettre à l'enfant et à sa famille de s'enrichir de leur histoire passée et d'utiliser les appartenances diverses pour réamorcer les apprentissages. La première partie situe le cadre méthodologique et les outils thérapeutiques (logothérapie de groupe ; génogramme). La seconde partie expose des cas concrets : différentes situations intégrant la démarche thérapeutique, où le symptôme orthophonique à l'origine du signalement et de la consultation masque ou révèle des trajectoires familiales multiculturelles complexes. Cet ouvrage est destiné aux orthophonistes ainsi qu'aux psychologues scolaires et à toutes les personnes impliquées dans une relation d'aide avec les migrants.
Les langues africaines sont-elles transmises en France ? Que représentent-elles pour les enfants et les adolescents ? Quelle place prennent-elles dans la construction de leur identité ? La dévalorisation des langues de la famille influe-t-elle sur leur rapport aux apprentissages ? Telles sont les questions qui animent ce livre, issu d'une bonne connaissance du terrain et d'une enquête méthodique sur les pratiques langagières des enfants de l'immigration noire. Une synthèse originale, du fait de la complexité du multilinguisme africain et des séquelles du passé colonial de la France, sur les contacts de langues, les problèmes d'éducation et les cultures urbaines.
Si le caractère figé des représentations de l'immigration dans la presse écrite n'est plus à démontrer, lorsque l'on aborde les pratiques langagières sur le terrain, la question est loin d'être si bien documentée. Cet article confronte un rapport écrit portant sur la scolarisation des élèves « enfants d'immigrés » et un ensemble d'entretiens d'instituteurs travaillant en Zone d'Education Prioritaire (ZEP), afin de comparer les images du public scolaire qui s'en dégagent. La comparaison montre que si le terme « immigré » est fréquent dans le rapport, il est pratiquement inexistant dans les entretiens mais que les mots du lexique ordinaire (enfant, élève) employés tant à l'écrit qu'à l'oral, se spécialisent finalement pour devenir en soi des actes d'exclusion ou d'intégration.
La problématique de cet article s'inscrit dans l'après-coup d'une enquête de terrain de longue durée sur le lien communautaire des Arméniens en France. La pertinence de ce lien fut tout au long de ce travail soumise au sens : pouvait-on parler en terme de communauté ? Les enjeux du communautaire résident moins dans le rapport aux organisations et aux formes instituées de l'appartenance que dans une proximité et un langage réinventés, où résonne l'expérience d'un exil qui avait fait "voler en éclats les systèmes d'articulation du symbolique". Ces enjeux où la continuité est interrogée à travers des discontinuités, suscitent la question du passage des générations et l'élucidation des processus d'identification qui lient la mémoire individuelle à la mémoire collective.
Ce document a été réalisé dans le cadre du projet « Métropolis ». Il s'agit du résultat d'un effort de réflexion analytique et critique relatif aux concepts et aux mots qui les expriment. Le document fournit une cinquantaine de fiches dont l'objet est de proposer le sens qu'il est possible de donner à un certain nombre de termes et d'expressions utilisés sur les problèmes de gestion urbaine associés à ceux de l'immigration. Chaque mot est assorti de sa traduction en langue anglaise et éventuellement d'un court commentaire, en fin de rubrique, en cette même langue.
Jeu pour certains, agressions pour d'autres, quelle signification faut-il donner aux outrances verbales des jeunes des quartiers défavorisés qui sont source de nombreux conflits avec les enseignants, policiers ou juges. Le regard d'une sociolinguiste sur le lien entre langage, sentiment d'appartenance et citoyenneté.